• le monde à la fin du crétacès

     

    IV. Le monde à la fin du Crétacé

    1) Avant -65 millions d’années
    *Etat de la faune et de la flore

     

    Vision d'artiste d'un paysage du Crétacé
    Copyright: Karen Carr

    La dentition des dinosaures Hadrosaures se perfectionne au Crétacé, devenant extrêmement efficace dans le broyage des végétauxCrâne d'Hadrosaure montrant la tendance au perfectionnement de la dentition des dinosaures herbivores vers la fin du Crétacé.

    Les derniers dinosaures vécurent dans un environnement végétal bien différent de celui qu’avaient connu leurs ancêtres du Trias. Les flores continentales du Trias et du Jurassique étaient dominées par les fougères, les cycas et les conifères. Apparues il y a 150 millions d’années environ, les plantes à fleurs (les " Angiospermes ") ont commencé à dominer la végétation au Crétacé, représentant entre 50 et 80% des espèces.

     

    L’expansion de certains groupes de dinosaures, aux mâchoires pourvues d’efficaces " batteries dentaires ", comme les Hadrosaures et les Cératopsiens, semble bien être liée au développement de cette nouvelle ressource alimentaire (cf. illustration).

    Le dinosaure Ankylosaurus

     

    A propos des dinosaures, de récentes études menées dans le Sud de la France ont mis en évidence un renouvellement des espèces au Maastrichtien, c’est-à-dire au cours des derniers millions d’années avant leur disparition finale. Un renouvellement qui va de pair avec une modification de l’environnement : tropical ou subtropical au début du Maastrichtien, le climat serait devenu plus tempéré au Maastrichtien supérieur. Ce changement climatique déjà évoqué s’est déroulé en même temps qu’une baisse importante du niveau marin.

    Ainsi, le Crétacé supérieur, loin d’être une période de déclin pour les dinosaures, est marqué par une diversification considérable de ces animaux. Par exemple, certains groupes anciens, comme les Sauropodes, connaissent, avec les Titanosaures (exemple : l’Ampelosaurus en France), une radiation évolutive importante sur les continents du Sud ; ailleurs, des dinosaures plus récemment apparus comme les Hadrosaures et les Cératopsiens, montrent un foisonnement d’espèces...

    Quelques dinosaures Cératopsiens ayant vécu lors de la disparition des dinosaures

    En fait, contrairement aux études réalisées il y a quelques années et basées uniquement sur des gisements nord-américains, le nombre d’espèces de dinosaures avant leur disparition ne cesse d’augmenter : en l’an 2000, le paléontologue Jean Le Loeuff a recensé 67 espèces différentes (appartenant à 61 genres) de dinosaures ayant vécu juste avant la crise, auxquels il faut ajouter des dinosaures récemment découverts, comme Rapetosaurus et Masiaksaurus. Ainsi, on peut extrapoler le nombre de dinosaures ayant vécu jusqu’à la crise à plusieurs centaines d’espèces différentes sur toute la surface de la Terre.

    A la fin du Crétacé, les dinosaures sont donc présents dans toutes les parties du monde, et sous toutes les latitudes. Ils constituaient alors un groupe en expansion, très diversifié, capable donc de s’adapter à des conditions de milieu extrêmement variées. Le mystère de leur disparition n’en est apparemment que plus complet.

    Nomingia: dinosaure à plumes ou oiseau à écailles?

     

     

    Quant aux Oiseaux, que les paléontologues considèrent maintenant comme une branche particulière des dinosaures Théropodes, les restes trop parcellaires n’apportent pas de témoignages valables pour la crise K-T.

    Squelette d'Archaeopteryx
    Archæopteryx, premier fossile découvert présentant à la fois des caractères de reptile et d'oiseau

     

    Cependant, on observe au Crétacé une diversification rapide des oiseaux. Il faut noter toutefois qu’à cette époque, les oiseaux n’étaient encore que des formes primitives ; les formes dites plus " modernes " ne se développeront qu’après la crise.

     

    Une reconstitution du vol d'Archaeopteryx

     

    Les Ptérosaures, qui ne sont ni des dinosaures ni des oiseaux, évoluèrent au Crétacé vers des formes de plus en plus gigantesques. Ainsi, le Quetzalcoatlus devait atteindre 15 mètres d’envergure... soit 4 fois plus que le condor actuel : les grands Ptérosaures de la fin du Crétacé semblaient plutôt adaptés au vol en air calme. Avec une telle taille, ces animaux étaient tributaires des conditions climatiques des milieux où ils vivaient et devaient être très sensibles à toutes les bourrasques, orages et tempêtes. Les documents fossiles prouvent que le déclin des Ptérosaures fut progressif pendant les quelques millions d’années avant la crise.

    Le Ptérosaure Quetzalcoatlus
    Le Ptérosaure Quetzalcoatlus, le plus gros animal qui ait jamais volé
    (Copyright Natural History Museum, John Sibbick)

     

    Les Reptiles marins étaient bien plus nombreux et diversifiés durant le Mésozoïque qu’aujourd’hui ; ils exploitaient alors dans les mers et les océans nombre de niches écologiques actuellement occupées par les Mammifères. Certains groupes comme les Plésiosaures et Mosasaures sont considérés en expansion avant la crise Crétacé-Tertiaire, alors que les célèbres Ichtyosaures s’éteignent progressivement au cours du Crétacé et ne sont pas connus au-delà de –90 millions d’années. Leur disparition est encore très mal comprise, car ces Reptiles avaient atteint un haut degré d’adaptation au milieu aquatique, jamais égalé par les autres Reptiles.

    Les Ichtyosaures: des reptiles ressemblant à des dauphins et dont la disparition n'est toujours pas élucidée
    Des Ichtyosaures, selon John Sibbick

     

    Selon Jean-Louis Hartenberger, les Mammifères sont restés pendant tout le Mésozoïque des animaux de petite taille, ne dépassant pas, pour les plus gros, la taille d’un blaireau, alors que la moyenne de leur poids corporelle tournait autour de 100 g. Pendant leur cohabitation avec les dinosaures (les Mammifères sont apparus il y a 200 millions d’années environ), les Mammifères appartenaient principalement aux Monotrèmes, aux Multituberculés et aux Marsupiaux. Dès le Crétacé franchi, leur poids moyen dépasse 10 kg (voir graphe ci-dessous) et, très rapidement, on trouvera des animaux nettement plus grands en même temps que le groupe se diversifie, adoptant différentes stratégies pour exploiter les milieux :

    Evolution de la taille des Mammifères terrestres
    Evolution de la taille des Mammifères terrestres répertoriés dans les gisements d’Amérique du Nord, du Crétacé au Cénozoïque. (Extrait de J.-L. Hartenberger)

    L’accroissement de taille, qui apparaît brutal, atteint vite un palier. Ce palier peut être considéré comme une limite au-delà de laquelle les contraintes surpassent les avantages que pourraient en tirer les espèces qui la franchiraient.

     

    La vie dans les mers au Crétacé n’a pas été de tout repos... En effet, de très nombreux groupes de prédateurs ont fait leur apparition ou se sont développés et leurs effets dévastateurs sur les populations de proies ont représenté une révolution marine au Mésozoïque. Parmi les prédateurs, on retrouve des poissons téléostéens, des requins néosélaciens, des gastéropodes rôdant sur les fonds marins, des crustacés, etc.

    Représentation du milieu marin au Crétacé
    Copyright: Karen Carr

    Parallèlement, on observe une diminution de la biodiversité des fonds marins : brachiopodes et crinoïdes (lys de mer) entrèrent en profond déclin ; les bivalves s’enfoncèrent de plus en plus profondément dans les sédiments pour éviter les crabes et les gastéropodes ; d’autres acquirent par évolution des coquilles massives ou des garnitures d’épines.

    Les mers chaudes du Crétacé ont également été peuplées par des Rudistes, groupe de Bivalves dont la coalescence des coquilles constituait des édifices construits à la structure rappelant celle des récifs coralliens, milieux propices au développement d’une grande diversité d’êtres vivants. Apparus il y a 155 millions d’années, les Rudistes ont évolué constamment pendant 90 millions d’années, sur le fond des mers chaudes et peu profondes ; leur large répartition géographique fait de ces fossiles de précieux indicateurs pour dater les couches géologiques qui les renferment.

    Reconstitution de Rudistes en position de vie
    D'après Stanley
    Récif à Rudistes dans des couches de la fin du Crétacé
    Photo: J. Philip
    Les Rudistes, groupe de Bivalves ayant disparu à la fin du Crétacé formaient, en association avec de nombreux autres organismes, de gigantesques récifs dans les mers chaudes du Crétacé, comme les coraux actuels. L'ensemble formait de véritables constructions à coquilles et squelettes calcaires sur le fond de la mer et à faible profondeur.
    La photo de droite montre l'exemple d'un tel récif fossile, qui affleure aujourd'hui au Sultanat d'Oman; à gauche: détail de Rudistes en position de vie.

    Dinosaures pas dinosaures

    Dinosaures ou pas dinosaures ?

    Le terme dinosaures est souvent mal employé. Il s'agit d'un groupe zoologique qui ne contient pas tous les reptiles géants disparus. Les oiseaux actuels sont les derniers représentants de ces animaux extraordinaires.

     

    Plus de 1 000 espèces connues

    microsaure macrosaure
    «Micro»saure et «macro»saure

    On connaît plus de 1000 espèces de dinosaures, dont l'âge d'or s'étend du Jurassique au Crétacé. Ce ne sont pas seulement des espèces gigantesques et d'aspect monstrueux, il existe aussi de nombreux petits dinosaures.
    Ces animaux montrent des formes très diverses, depuis les gigantesques quadrupèdes tels les sauropodes, les terribles carnassiers comme le tyrannosaure ou le spinosaure, les herbivores bipèdes comme l'iguanodon, jusqu'aux espèces à l'anatomie spectaculaire, comme le triceratops.
    Tous les dinosaures n'étaient pas des animaux gigantesques. Les grandes espèces sont simplement les plus fascinantes, et c'est pour cela qu'on parle beaucoup d'elles. Mais il existe une multitude de petits dinosaures. Le compsognathus, un petit dinosaure carnivore, devait ainsi peser 3 ou 4 kilos pour une soixantaine de centimètres.
    Plus récemment, la découverte du microraptor a relancé le débat sur le plus petit dinosaure jamais découvert. Cet animal, également connu pour être un dinosaure à plumes, mesurait 70 centimètres en incluant sa longue queue, et ne devait pas peser bien lourd.

     

    Le dinosaure : un « lézard terrible »

    squelette tete dinosaure
    Squelette de la tête d’un tyrannosaure

    Le terme dinosaures veut dire « lézard terrible » et a été créé en 1842 par un célèbre paléontologue de l'époque, Richard Owen.
    Mais ce terme n'est applicable réellement qu'à une partie des dinosaures car on trouve en fait toutes sortes d'anatomies chez ces animaux.
    L'usage commun du terme est donc beaucoup trop large, tous les reptiles disparus n'étaient pas des dinosaures. Car pour savoir ce qu'on désigne par dinosaures, il faut regarder la posture. Les dinosaures se tiennent droit sur leurs pattes, au contraire des autres reptiles dont les pattes sont sur les côtés. C'est par exemple pour cette raison qu'un mosasaure n'est pas un dinosaure, ce reptile marin étant apparenté aux lézards pas aux dinosaures.
    Les reptiles volants. Car pour savoir ce qu'on désigne par dinosaures, il faut regarder la posture. Les dinosaures se tiennent droit sur leurs pattes, au contraire des autres reptiles dont les pattes sont sur les côtés. C'est par exemple pour cette raison qu'un mosasaure n'est pas un dinosaure, ce reptile marin étant apparenté aux lézards pas aux dinosaures.
    Les reptiles volants bien qu'étroitement apparentés ne sont pas non plus des dinosaures...

     

    Les dinosaures pondaient des œufs

    œuf fossile dinosaure
    Un œuf fossile de dinosaure

    Les dinosaures pondaient des oeufs qu'ils regroupaient dans des nids, creusés dans le substrat. Les oeufs, comme les nids, sont souvent trouvés à l'état fossilisé, ce qui nous permet d'avoir une bonne connaissance des moeurs de ces animaux. L'état de fossilisation est parfois tellement bon qu'on a déjà retrouvé des embryons parfaitement conservés dans l'oeuf. Rappelons que l'oeuf est un avantage évolutif, la coquille permettant aux reptiles de mieux se séparer du milieu aquatique, au contraire des amphibiens, qui doivent pondre dans l'eau.

     
    reconstitution couvee dinosaure
    Reconstitution d’une « couvée » de dinosaure

    On pense que les dinosaures surveillaient les oeufs jusqu'à l'éclosion, et la présence de restes de repas sur certains nids fossilisés suggèrent que certaines espèces eussent donné des soins parentaux, comme les oiseaux actuels. Notez que les oeufs ne sont pas très grands en proportion des adultes, même si un oeuf fossilisé de 50 centimètres a été découvert en Chine. Au-delà d'une certaine taille, la coquille de l'oeuf deviendrait trop épaisse pour être cassée par le juvénile lors de l'éclosion.

     

    Le ciel leur est tombé sur la tête ?

    chute meteorite disparition dinosaures
    La chute de la météorite censée avoir provoqué la disparition des dinosaures

    Les dinosaures ont dominé les terres de la fin du trias jusqu'à la crise Crétacé-Tertiaire, soit une période longue de 160 millions d'années.
    Mais il y a 65 millions d'années, lors de changements rapides du milieu que l'on attribue à la chute d'une météorite, les dinosaures disparaissent, et avec eux une multitude d'espèces, par exemple les ammonites.
    Du moins, les espèces communément appelées dinosaures disparaissent, car contrairement à ce que beaucoup pensent, les dinosaures sont toujours parmi nous. Ils ont simplement changé d'allure. Cela peut paraître étrange, mais les oiseaux sont des dinosaures, et présentés comme tels dans toutes les classifications modernes.
    De nos jours, on inclut dans un même groupe toute la descendance d'un ancêtre commun, c'est ce qu'on appelle la classification phylogénétique. Les groupes ne sont pas basés sur la ressemblance mais sur les relations de parenté réelles, déduites de l'étude de l'anatomie et de la génétique. Les oiseaux sont directement issus d'un groupe de dinosaures théropodes, les coelurosaures, des dinosaures carnassiers.

     

    Quand les poules avaient des dents…

    Rappelons que les théropodes regroupent les dinosaures carnassiers les plus terribles, comme le tyrannosaure ou l'allosaure. En conséquence, une poule est un proche parent d'un tyrannosaure ! Ainsi va l'évolution.

    Maintenant que vous savez tout, regardez les oiseaux avec un autre oeil. Vous ne les trouvez pas un peu « monstrueux » ?

    Article réalisé par Arnaud Filleul.

     

     


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